Recherches ludiques XVII

Avril 2024

Même si la probabilité d’émergence de la vie sur Terre était presque nulle – ce qu’on ignore –, elle n’était pas nulle. Se trouve ici en jeu la différence entre ce qui était réellement possible et ce qui était impossible. Des univers possibles ne comportaient en eux, au départ, aucun potentiel réel de vie intelligente. Le nôtre comportait réellement cette possibilité. Conformément à ce que tous peuvent constater, il se distingue des autres par son potentiel réel évolutif vers l’intelligence.   

Le potentiel réel prend ici un sens précis qui est celui de la mécanique quantique. De même qu’un atome d’uranium 235 peut ou non se désintégrer avec une probabilité réelle calculable, l’univers initial était on non porteur d’un potentiel réel d’émergence de la vie intelligente.

On conviendra ici d’employer le mot « préadapter », et ses dérivés tels que préadaptation, préadaptatif, etc., comme signifiant ce qui rend effectivement possible même si la probabilité est très faible, voire extrêmement faible.

La préadaptation a été définie par les biologistes, depuis la fin des années 1950, comme étant la capacité d’un caractère (anatomique, physiologique, éthologique, ou autre) d’être utilisé par le vivant pour une autre fonction que celle qu’il avait au départ. Par exemple, certains chercheurs ont fait l’hypothèse que les plumes des ancêtres des oiseaux ont d’abord surtout joué un rôle vital dans leur régulation thermique, avant de leur devenir indispensables pour voler. Dans le texte qui suit, ici, la préadaptation prend un sens plus général et signifie que l’Univers physique au départ était physico-mathématiquement ajusté, au sens d’un potentiel quantique, à tout ce qui y est apparu effectivement par la suite.

La mutagenèse et l’évolution globale

En général, les biologistes ont tendance à traiter les mutations comme des erreurs plutôt que comme un mécanisme normal de la nature. Il est vrai que, d’un strict point de vue biologique, la mutagenèse présente un caractère aléatoire et non contrôlable. La raison en est que les mutations dépendent d’un phénomène purement physique dont les lois échappent naturellement à tout contrôle biologique. Cependant ce type de phénomène n’échappe nullement aux lois de la nature et s’inscrit de façon rationnelle dans un schéma d’explication générale. Comme les effets cumulatifs des mutations sont de la plus grande importance du point de vue de l’évolution longue, il convient ici de considérer ce phénomène comme un élément crucial de l’évolution globale et, en particulier, de l’évolution biologique.  

Par exemple, ce qu’on appelle l’« explosion du Cambrien », c’est-à-dire l’apparition « soudaine » à l’échelle géologique de la plupart des grands embranchements actuels de métazoaires, est aussi significatif que les extinctions massives. Comme dans le cas de l’émergence de la vie elle-même, ce type d’événement ne s’explique pas entièrement par la sélection naturelle darwinienne. Elle serait peut-être due à une plus grande concentration de l’oxygène dans l’atmosphère. Cela ne découle pas d’erreurs mais bien d’un univers préadapté au vivant et à son évolution.

Le hasard qui fait être

Toute personne existe d’au moins trois façons différentes :

1) par ce qu’elle dit dans des échanges avec d’autres, qu’il s’agisse par exemple de son opinion ou d’un jeu de rôle, pour chacun des différents mots qui lui viennent spontanément de son vocabulaire dans le très court terme (mT) par une sorte de choix irréfléchi;

2) par les projets conçus et entrepris par cette personne dans le court terme de sa vie (CT);

3) éventuellement par des œuvres de sa part qui seront reconnues dans et pour le long terme, (LT).

mT (milliterme en fractions de seconde)   CT (court terme en heures, en jours ou en années)LT (long terme en siècles)
Pensée créative dans une conversation : l’émergence des mots appris dans sa pensée  Développement de nouvelles idées pour un projet original dans le déroulement de sa journée  Passage à l’histoire d’une de ses publications scientifiques ou autres  

Idéotableau sur le rôle du hasard dans l’<ontologie personnelle>

Le hasard préadapté est bien plus qu’un simple hasard. C’est ce qui donne sens au pur hasard. On ne sait pas nécessairement ce que cela signifie, mais on apprend que cela signifie quelque chose de remarquablement inclusif, comme l’idéométrie elle-même.

(())