Compte-rendu de recherche à partir du General Evolution Research Group (GERG)
Décembre 2020
Qu’est-ce que l’embryo-psychologie?
L’embryo-psychologie est à la fois une nouvelle branche de la psychologie et une nouvelle façon de comprendre l’histoire en tant que développement embryonnaire des sciences, des mathématiques, des courants d’idées philosophiques, etc. Elle correspond au déroulement de l’histoire consciente de l’enfant avant et après sa naissance. Elle se fait ainsi l’histoire de la pensée de l’humanité.
Sur le plan psychologique, on cherchera à répondre à des questions telles que : Le fœtus est-il conscient? Si oui, quelles sont les caractéristiques de cette conscience? Ressent-il la douleur physique? La douleur psychique? Le fœtus a-t-il une vie intérieure? Si oui, est-elle riche?
| Enfant (de 12 mois env.) | Humanité actuelle |
| Souvenirs | Documents |
| Expériences vécues | Histoire |
Idéotableau des idées de bases de la méthode embryo-psychologique
Les expériences vécues par l’enfant idéocorrespondent aux événements et situations de l’histoire globale de l’humanité.
Définition de l’embryo-psychologie
L’embryologie-psychologie est une nouvelle sorte de discipline scientifique qui, à partir du corpus de documents actuels concernant l’histoire de la philosophie et des sciences, établit des idéocorrespondances permettant de scruter les idées scientifiques sur la conscience du jeune enfant considéré de sa conception jusqu’à l’âge d’acquisition de sa capacité de comprendre et de pratiquer le langage.
Précisions :
Les applications de l’embryo-psychologie seront concevables dans tous les domaines de recherche principaux connus à notre époque, sciences mathématiques, physiques, biologiques, et sciences humaines ou sociales, et philosophie.
L’étude du corpus de connaissances et de questions actuelles en psychologie du développement de l’enfant permet d’établir des correspondances idéométriques avec le corpus référentiel de l’histoire de la recherche scientifique ou philosophique.
Par exemple, l’humanité-Gea est l’idée obtenue en la comparant aux autres structures complètes de la même rangée d’un idéotableau ou bien en la comparant à plusieurs colonnes représentant les développements respectifs des cellules biologiques et du jeune enfant.
Rappel : Le Gea, le Grand ensemble autoréférentiel, se définit à partir de tout ce qui a été publié et retenu ou récupéré de façon directe ou indirecte.
La méthode de l’embryo-psychologie peut être définie par les points suivants :
Les idées scientifiques sont envisagées comme des phénomènes à découvrir, un peu comme en linguistique les phonèmes ou les mots. La recherche empirique y prend la forme de l’observation des idées provenant de différentes disciplines pour en extraire une nouvelle idée commune. Par exemple, l’idée idéomorphique de structure complète provient de la rencontre des deux idées-concepts que sont la cellule biologique et l’être humain. L’expérimentation y trouve sa place simplement en construisant un idéotableau comportant de telles idées et en cherchant et en intuitionnant ce qui devrait en combler certaines des cases vides. On peut également faire des hypothèses et les vérifier en les comparant d’après plusieurs idéotableaux tout en faisant varier les paramètres définis par les idées des différentes rangées ou colonnes.
| Structure complète | Cellule | Être humain | Humanité |
| Entrée / sortie | Interactions entre les molécules entrant et sortant de la cellule | Cérébralité ou interactions entre les neurones | Référentialité ou interactions entre les auteurs et les lecteurs |
Exemple d’idéotableau: L’idéomorphie de l’<entrée / sortie>
Remarque : La cérébralité désigne l’ensemble des rapports interneuronaux dans le cerveau d’un humain, alors que la référentialité désigne l’ensemble des rapports inter-individuels entre les sources auxquelles on se réfère et ceux qui s’y réfèrent.
À partir du précédent tableau, on peut faire varier de façon cohérente les idées mises en séquences. Le tableau suivant constitue une sorte de matrice de base représentant les divers champs de recherche :
| Structure complète = | Cellule | Être humain | Humanité |
| Les idées = | Les idées dans les sciences de la vie | Les idées dans les sciences humaines, sociales et cognitives | Les idées sur les idéomathématiques, par exemple, les types d’idéomathématiques : géométrie, arithmétique, … etc., idéométrie |
Idéotableau de base pour les séquences impliquant les principaux champs de recherche
L’intuition multivariée sert à trouver des éléments nouveaux dans un idéotableau, par exemple le tableau de correspondances entre sensorialités et mathématicités.
| Enfant | Humanité |
| Sensorialités | Mathématicités |
| Toucher | Géométrie |
| Audition | Arithmétique |
| Vision | Algèbre moderne |
Idéotableau des correspondances sensorialités – mathématicités
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Remarques : La méthode de l’embryo-psychologie peut être comparée à un casse-tête. Lorsqu’on y cherche une pièce, on tient compte de plusieurs facteurs, les formes, les couleurs, les motifs… On peut donc parler de déductions, malaisées au départ, puis de plus en plus évidentes.
Les concepts mis ici en rapport idéométrique (exemple : expérience vécue et histoire) peuvent se correspondre de façon exacte ou approximative puisque la cohérence parfaite en de telle matière reste souvent un idéal.
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Embryo-psychologie et histoire
Ce qui est appelé la Bible représente justement ici, dans l’histoire de la référentialité, un phénomène tout à fait particulier. Pendant près de deux mille ans, la Bible a été utilisée dans une partie du monde comme la référence suprême. Elle était « le Livre ». Elle était considérée comme une référence de portée universelle. De nos jours, toutefois, elle est devenue une référence d’importance modérée, bien qu’elle soit demeurée une référence multicollective majeure pour une bonne partie de l’humanité. À quelque différences près, il en va de même pour le Coran et plusieurs autres Livres sacrés, comme le Veda (védisme), le Tipitaka (Theravada), le Dao de jing (taoïsme).
Le schème <sensorimoteur> lié à la référentialité inspiration / publication est encore peu utilisé, même par les spécialistes de la psychologie du développement.
| Enfant | Humanité |
| Schème stimulus / réponse | Schème inspiration / publication |
Idéotableau : Le schème <S / R >
Il y a eu, dans la référentialité la plus importante de l’humanité au moins deux débuts de graphes référentiels, qui seront annexés plus tard par le Gea, d’abord la Bible, qui est le livre sacré des juifs et des chrétiens, et les fragments et citations présocratiques, considérés comme essentiels parmi les textes d’origine de la philosophie.
| Enfant | Humanité |
| Conscience embryonnaire (ou fœtale) à ses débuts : les cérébralités de l’enfant en rapport avec ses proches | Les référentialités des pensées biblique juive, chrétienne, indienne… |
| Conscience embryonnaire (ou fœtale) à ses débuts : les cérébralités de la conscience que l’enfant prend de lui-même | Pensée présocratique marquant effectivement les débuts des référentialités de la recherche philosophique et scientifique |
Idéotableau de la référentialité religieuse en correspondance avec les cérébralités du jeune enfant et ses rapports avec les autres personnes
Des philosophies comme celles de Platon et d’Aristote sont restées de nos jours des références importantes pour la recherche philosophique ou historique. Par correspondance, cela signifie que l’enfant de 12 mois environ a des souvenirs en partie reconstitués d’avoir été capable de saisir ou comprendre certaines choses alors qu’il était dans le ventre de sa mère.
| Enfant (de 12 mois env.) | Humanité actuelle |
| Souvenirs d’origine | Bible et fragments présocratiques |
| Mémoire cérébrale plus riche et plus cohérente du passé intra-utérin | Références à Platon et Aristote, et à plusieurs autres tenant une place importante dans la référentialité |
| Mémoire de la cérébralité de sa naissance | Références aux premiers philosophes dits modernes, notamment Descartes et Kant, et émergence de la science moderne |
| Cérébralité pleinement consciente | Référentialité pleinement scientifique |
Idéotableau sur le passage à la pleine conscience / science
Les philosophies critiques de Descartes et de Kant confirment d’après ce tableau cette tendance de la cérébralité de l’enfant à se souvenir de son état de conscience passé, notamment lors de sa naissance. Plus tard, l’enfant d’environ 12 mois se souviendra d’impressions fœtales. Il se fait alors une mémoire nouvelle parce que plus riche et plus cohérente. Cela correspond à l’humanité passant des mythes à la science moderne qui porte sur le passé, en particulier l’histoire, l’anthropologie, l’archéologie, la cosmologie…
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Remarque sur l’approche béhavioriste : Dans le schéma béhavioriste S-R — stimulus-réponse – on délaisse normalement les hypothèses concernant une force psychique susceptible de s’insérer entre le stimulus sensoriel et la réponse motrice. La transposition idéocorrespondante prend la forme d’un schème <inspiration-publication> où l’’inspiration peut être mesurée de façon approximative, pour chaque chercheur, comme le nombre de publications de ce chercheur dans le Gea scientifique, et le nombre de références à ce chercheur en provenance du Gea. Un processus complexe d’inspiration et de communication remplit alors le vide de type « behavioriste ». La comparaison détaillée avec le développement sensorimoteur de l’’enfant après sa naissance se trouve à rendre compte en bonne partie de l’essor moderne de la recherche.
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A-t-il des sentiments?
Les sensations et les sentiments du fœtus et du nourrisson présentent chacun des degrés de qualité et d’intensité. Leurs combinaisons plus ou moins complexes impressionnent diversement l’enfant.
L’enfant d’environ 12 mois doute de lui-même, de ses capacités. Il lui arrive de se trouver terriblement seul et de faire face à l’absence de sens. Il a bien des motifs de pleurer. Ce qui n’empêche pas qu’autour de lui, il trouve constamment des choses prodigieuses. Il s’épate lui-même de ses prouesses. Il adore susciter les encouragements et l’étonnement de son entourage. Il tend naturellement à croire en la Providence, qu’il attribue toutefois au heureux hasard de ses rencontres avec du nouveau. L’enfant se sent fragile et dépendant, mais aussi autonome et conquérant. Marcher pour partir à la découverte provoque chez lui une profonde ivresse.
| Enfant | Humanité |
| Par contraste avec sa vie intra-utérine, à l’âge de 12 mois l’enfant peut se sentir terriblement seul. | L’humanité actuelle regrette l’ « heureux temps » où elle savait que Dieu existait, qui il était et où elle savait exactement ce qu’Il voulait qu’elle fasse. |
Idéotableau sur la <nostalgie> du passé de l’<enfant>
À quoi pense-t-il?
L’idéométrie ouvrira des champs de recherche également pour étudier le <présent>, c’est-à-dire le présent individuel dans le court terme, le présent collectif humain et le présent universel dans le long terme. Elle aura en outre pour objet d’étude le <cogito>, ce qui comprend le cogito du « Je pense » et le <cogitamus> du « Nous pensons » en termes de publications de recherche, celle qui inspire les chercheurs et les fait avancer constamment.
| Enfant | Humanité |
| L’enfant sensoriellement stimulé et impressionné dès le stade fœtal | L’humanité référentielle vite inspirée en mathématique et en philosophie |
| En particulier, le sens du contact physique, du toucher, et le sens auditif sont vite au travail chez l’enfant, qui sera bientôt inspiré dans ses découvertes de la réalité environnante de son milieu préadapté. | Tout particulièrement, les nombres et les calculs, et les formes géométriques sont utilisés par les premiers chercheurs qui s’inspirent de publications antérieures d’autres chercheurs et qui en produisent continuellement de nouvelles. |
Idéotableau : l’aurore de l’inspiration de recherche
Chaque bébé aura ainsi sa propre « histoire universelle », avec ses « événements », ses « drames », ses « tragédies »… Chacun aura connu ses propres « progrès civilisationnels ». Ce type de compréhension nous aidera ensuite à mieux connaître ses « déités » et, en particulier ses rapports à sa mère et à sa famille, puis à la société.
Le jeune enfant vit des « révolutions » et des « catastrophes », mais il se fait aussi « explorateur de terres nouvelles » (les chaises et les fauteuils…), « spationaute » et il « marche sur la Lune » (le haut de l’escalier…). En outre, il « s’indigne des mauvais traitements » qu’on lui inflige »; « activiste, il se lance dans des attentats contre l’autorité ».
Il se sent « contestataire »
L’enfant est un contestataire-né. Dès qu’il le pourra, il fera grand usage de la forme négative (« Veux pas »…). Il s’indigne des « traitements injustes » dont il fait trop souvent l’objet. Il croit à la magie des mots. Il lui suffit de dire « je veux » pour que cela lui appartienne.
Il est « révolutionnaire » dans l’âme et il se doit d’utiliser la force si les choses tardent.
Il croit aux actes de langage, en particulier aux cris. Il se refuse parfois de croire en ce <Dieu> qui brille par son absence lorsqu’il a le plus besoin de lui.
« Anarchiste » et « terroriste », il refait le coup du « bacon ».
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Remarque : Les psychologues appellent « faire le bacon » les crises de colères spectaculaires du jeune enfant qui, étendu au sol s’agite et crie en pleurant.
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Une histoire de bruit et de fureur
L’embryo-psychologie s’intéressera à des questions aussi terribles que les suivantes : les trois Guerres mondiales étaient-elles normales? Étaient-elles prévisibles? Notre histoire de conflits incessants aura-elle été normale? Si oui, pouvons-nous accepter de poursuivre une telle évolution avec ses conflits continuels? Faut-il aider la <mère> à nous y aider? Pour quelle raison le ferions-nous? Sinon, que nous faut-il faire? Éléments de réponses : nous ne saurons si notre situation a été normale qu’en nous basant sur le Modèle de l’enfant et en tentant d’y trouver si le mal dont nous souffrons est normal. Sinon, de trouver de quel mal nous souffrons et s’il y a un remède possible. Il nous faudra ensuite choisir parmi différentes possibilités, par exemple : 1) notre histoire aura été bonne parce que normale, 2) notre histoire aura été acceptable même si normale; 3) l’humanité globale serait plutôt à soigner parce que son développement ne s’effectue pas de façon normale… Toutefois certains voudront autre chose : 4) l’humanité, ou ses sociétés, sont à détruire à tout prix… Bien sûr, bien d’autres réponses – sûrement très différentes – seront conçues, développées et élaborées dans notre futur, qui n’est encore qu’une idée balbutiée.
Quelle réalité vit-il?
Nous vivons actuellement d’après les potentialités réelles qui étaient les nôtres depuis notre origine. Toutefois, le « potentiel réel », c’est d’emblée contradictoire, impensable, sauf chez le jeune enfant : cela lui saute aux yeux dès qu’on lui parle de ce qu’il deviendra.
La grande échelle ontologique
| Séquence de l’effectivité | Exemples |
| Effectivité | Parler effectivement : par exemple, l’enfant est en train de parler. |
| Potentiel effectif | Avoir effectivement la capacité de parler : par exemple, l’enfant est devenu capable de parler. |
| Potentiel réel non encore effectif | Ne pas avoir encore effectivement la capacité de parler : par exemple, le nourrisson n’est pas encore capable de parler. |
| Potentiel réel effectif en soi | Être en principe doté de la capacité réelle de parler : par exemple, un enfant au stade du nouveau-né est humain et peut de ce fait acquérir le langage. |
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Remarques : Les séquences d’idées de ce tableau y apparaissent à la verticale au lieu de l’horizontale. On notera en outre qu’il pourrait être prolongé vers le bas en lui ajoutant des ordres de potentialités réelles de plus en plus abstraites. On pourrait toujours en <parler> davantage dans un langage du niveau idéométrique. En voici une brève interprétation conforme à l’époque actuelle :
| Potentiel réel effectif en soi (d’après la science actuelle) | Exister dans un univers où la capacité de parler est effectivement possible en soi : par exemple, l’enfant existe dans un univers effectif où la vie et le langage sont réellement possibles. |
Tableau de l’interprétation de l’effectivité d’après notre science actuelle
La réalité de l’enfant consiste donc surtout en potentialités réelles. Le plus difficile pour lui à connaître est son potentiel réel non encore effectif. Il en va de même en ce qui concerne l’humanité actuelle.
Il est intéressant d’observer ici que la physique actuelle comporte entre autres, à sa base, la mécanique quantique, selon laquelle la réalité prend la forme d’un « paquet d’onde » que l’observation effective se trouve à réduire à l’un de ses états. Le paquet d’onde joue donc le rôle du potentiel réel et le principe de réduction celui de l’effectivité.
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La causalité indirecte
Pour des raisons de cohérence dans un univers réputé physique, on doit reconnaître que la conscience effective ne causera rien de façon directe, mais ira de pair avec la causalité indirecte des motivations et de la volonté de la personne concernée. En d’autres termes, les intentions individuelles représenteront un type de conditions initiales au même titre que les génomes en biologie. L’exigence de cohérence et de conditions initiales déterminantes s’appliquera aussi bien, à un autre niveau, à la façon dont on pourra dire que l’esprit dirige effectivement la matière, bien qu’il le fasse de façon indirecte et détournée, ce qui supposera une identification humaine à la réalité effective de cet Univers. Ce type d’action sera formellement similaire à celui du génotype à la différence près que le type d’information qui s’y trouvera comprise signifiera une causalité identifiable comme humainement voulue.
On peut bien sûr alors se poser la question de la liberté : ne sommes-nous pas des pantins dans ce cas puisque les lois de base seraient ultimement physiques ? On peut échapper à cette fatalité en s’identifiant aux potentialités réelles de l’univers, c’est-à-dire en accordant sa confiance au processus global dans lequel on se trouve à s’inscrire. La question de la confiance est donc cruciale : à quoi, à qui l’enfant pourra-t-il se fier afin de savoir ce qui est vrai ou ce qui est réel en général ? Nous y reviendrons plus loin.
La conscience effective sera d’emblée considérée comme cruciale du point de vue de la réalisation d’un soi autonome en raison de l’importance de savoir qui on est, et de savoir ce qui est effectivement réel et ce qui ne l’est pas, maintenant ou dans la durée. La conscience effective est donc une idée nécessaire à celle de l’autonomie en philosophie morale.
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Remarques :
Alors que le cogito de Descartes représente le passage à la modernité, un nouveau « cogito » — qui s’écrira <cogito> — marquera le passage à la « déité » idéomathématique, le passage à son <langage>. Le <cogito> permet de découvrir une explication vraie de ce que nous sommes alors que la science actuelle est sur ce point relativement peu fiable. Le cogito moderne trouve un point de départ qui est vrai en soi sans tomber pour autant dans le solipsisme de l’infinie solitude.
| Cogito (en tant qu’absolument seul au moment présent). | Cogito (en tant qu’individu restant absolument seul dans sa durée). |
| Cogitamus (en tant qu’humanité seule au présent). | Cogitamus (en tant qu’humanité dans sa durée). |
Idéotableau d’un nouveau <cogito>
Ce curieux tableau exhibe quatre formes de solipsisme (de solus ipse, « seul moi-même »). Les deux cases du haut caractérisent le solipsisme de l’individu selon deux versions généralement mal distinguées l’une de l’autre, ce qui conformément à la logique ne les empêche pas d’être rigoureusement différentes. C’est le solipsisme extrême du moment présent individuel et le solipsisme individuel, l’individu seul qui dure dans sa vie d’une solitude infinie. Les deux cases du bas se correspondent selon le même rapport idéométrique d’après un <cogitamus> (<nous pensons>). C’est une sorte de solipsisme de l’humanité par rapports aux autres déités idéomathématiquement possibles, selon deux versions. Nous ne sommes pas encore sortis de notre solipsisme du présent en tant qu’humanité.
La philosophie de Descartes n’est pas l’origine de nos références, mais celle de notre modernité et de l’important gain d’autonomie qui la caractérise. Les sciences s’y alimentent de mathématiques plutôt que de mythes, de traditions ou de dogmes. Toutefois la modernité n’est pas un point d’arrivée, mais un passage, non l’accès à la certitude, mais au contraire à une nouvelle maturité capable de douter, de renoncer tant qu’il le faudra, à gagner la connaissance définitive. C’est pourquoi l’œuvre de Descartes n’aura cessé de produire une nouvelle référentialité.
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À quoi, à qui se fiera-t-il?
Dès qu’il sera en âge de le faire, l’enfant se fiera surtout à ses propres élaborations mentales – disons qu’il additionnera ses <théories>, qu’elles portent sur les autres ou sur lui-même.
| Enfant | Humanité |
| Il empile ses <théories> qui marchent et, bientôt, « il saura presque tout ce qu’il y a à savoir » | L’humanité scientifique est très fière de ses théories qui s’ouvrent sur de nouvelles technologies : c’est cela déjà la « science ». |
Idéotableau sur la situation actuelle de nos savoirs
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Remarque : Les chercheurs psychologues du début de XXe siècle ont cru pouvoir faire une science à partir de leurs données d’introspection pour se rendre compte assez vite qu’elles n’étaient guère fiables. Toutefois on continue de croire en psychologie que les représentations mentales devraient permettre bel et bien de comprendre le comportement immédiatement observable. Vers le milieu des années 1980, la conscience deviendra un bon sujet d’étude dans le domaine des neurosciences cognitives, étant entendu que la recherche a surtout pour objet d’élaborer des théories vérifiables.
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Or, à l’âge de l’acquisition du langage, l’enfant ne sait toujours encore à peu près rien, ses impressions sensorielles ou cérébrales ne pouvant encore être considérées comme des éléments véritables de savoir jusqu’au stade de l’acquisition du langage. Par correspondance, l’humanité actuelle ne sait encore rien d’un savoir définitif, mais elle apprendra vite, dès qu’elle saura se servir des idéomathématiques.
Autrement dit, les séries de preuves et d’applications dont les chercheurs sont si fiers ne sont au mieux que des intervalles de compréhension, des parcours d’utilités, dans l’incompréhension du comment et du pourquoi. On bute encore sur des obstacles qui semblent infranchissables.
L’embryo-psychologie sera souvent plus crédible que ce qu’on est actuellement en mesure d’observer ou de savoir des états psychiques du très jeune enfant avec nos meilleures technologies actuelles qui pour leur part, étant basées sur les mathématiques, ne correspondent qu’aux perceptions sensorielles de l’enfant. Et, à l’inverse, on peut déjà essayer d’imaginer la reconstitution d’une embryo-histoire à partir des états fœtaux et de nouveau-né de l’enfant.
Lorsque sa mère lui racontera son passé d’enfant intra-utérin ou de nouveau-né, l’enfant aura plus de raisons de se fier à ce qu’elle lui dira qu’à ses propres souvenirs ou constructions mentales. Ainsi, son propre <cogito> ou ses <théories scientifiques> qui lui paraissent les plus claires seront remis en question après quelque temps.
| Enfant | Humanité |
| Souvenirs de sa vie antérieure | Histoire globale de l’humanité |
| Naissance : gain en autonomie de conscience | Cogito cartésien : <gain en autonomie de la pensée> |
| Accès au langage : « je pense » | Accès à l’idéométrie : <cogitamus> |
| Fiabilité de ce que sa mère lui explique | Fiabilité du Modèle de l’enfant |
Idéotableau sur certains gains importants passés, présents ou à venir de l’<autonomie>
Devant la douleur et l’autonomie de la mère
L’état actuel de la recherche scientifique expérimentale suggère que le fœtus puisse se trouver dans des états de sommeil ou de somnolence continuels de types encore peu connus. L’état de conscience normal ne surviendrait qu’après la naissance. Il sera intéressant de voir ce que l’embryo-psychologie procurera de nouvelles connaissances à ce sujet. Pour le moment, plusieurs lignes de recherches se profilent déjà. Les états de conscience du fœtus sont encore peu connus. Ses proches, par exemple, aimeraient savoir s’il se sent plutôt bien en général ou à certains moments. Que serait pour lui se sentir mal? Quelle sorte de mal? En se basant sur l’embryo-psychologie, on pourra répondre à ce type de questions tout en les creusant ensuite. Ce petit être a une histoire. Mais il sait ou sent que sa mère est un être autonome et qu’elle décide de son existence. Ses raisons de faire ou non ce qu’elle fait dépasse l’entendement de l’enfant pour un certain temps encore, et il ne peut que les accepter.
Si le fœtus a une conscience de rêve et de sommeil, mais pas encore de conscience au plein sens du terme, quelle serait donc, lors de fausses couches ou d’interruption volontaire de grossesse, la principale douleur ressentie? Ne serait-elle pas au fond celle de la mère qui en serait la première intéressée? Ce serait donc une question qui concernerait surtout et au premier chef la femme qui en aurait décidé librement.
Aucune vraie science de l’histoire détaillée du monde couvrant l’histoire des derniers millénaires implique-t-il aucune vraie souffrance des sociétés humaines? La douleur y existerait-elle mais de façon dispersée et variée dans les masses d’individus? Telles seraient quelques-unes des questions qui seraient alors à poser et, peut-être, à dominer la recherche.
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Remarque : Dans certaines religions, on donne une place centrale ou particulière à des figures féminines. Par exemple, Marie, mère de Dieu, dans le christianisme, incarne le tendre amour maternel éclairé. Un autre exemple bien connu se trouve dans le shaktisme (culte d’une secte de l’Inde) celui de la déesse Kali (« la noire ») qui représente à la fois l’ « essence du soi » et « celle qui donne l’existence ».
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